À trop regarder vers le ciel, on s’en prend une forcément, de claque. Les courants, les marées basses, ces petits bouts de cœur arrachés, tu sais… Ils sont tous enterrés. Tu marches dans la rue, sale comme Paris, et les pigeons te brouillent la conscience du sol. Les colombes que dis-je, les colombes. On ne te la fera pas. Tu te fous des cailloux qui crissent sous tes semelles, milliers d’éclats de rire qui pavent ta route. Où vas-tu ? Existes… Tue ? Moribond, vagabond, la crasse se colle à tes pas, quelle fayote. Roi parmi les rois, le sourire en bandoulière, tu t’adresses aux dieux des buildings et tu leur chantes les fondements du feu des enfers. Mon ami, mon ange, qui se meurt à la pointe du jour et renaît de ses cendres aux lueurs des lampadaires. Souverain des moustiques, empereur des déchets, tu n’ouvres les yeux que quand vient l’heure des auras noires. Les passants se moquent, t’oublient, tu pleures en silence des larmes d’indifférence. Et tu pars. Toujours.
Arrive le temps du temps. Fini les aurores, tu ne les embrasseras pas. Quoi, dis-moi ! Hécatombe des désirs, que vienne enfin la nuit ! Les couteaux, les sabres du désert, le soleil et la soif ne suffiront pas. Tu mourras à coups de livres, poète maudit, fantôme des romantiques ! L’œil de charbon, plus beau que jamais, tu t’assois au bord de la falaise, là-bas, au bord du monde. Qu’y vois-tu ? As-tu atteint l’autre côté de l’arc-en-ciel ? Tu trembles de froid et d’envie. Tu penses. Tu t’enfonces dans les précipices et les portes ouvertes. Et tu attends. Tant de choses ont traversé ton esprit, tant de choses ont changé, madone ! Ô là-haut, paradis des enclumes qui tombent et qui tombent… Ô prince, réveille-toi ! Abracadabra.
Le magicien d’Oz ne pardonne pas.
Tu cours, projection astrale des étoiles, le cœur au bout des doigts, prêt à s’envoler. Mais je suis là. Toujours là, dans ce vent qui souffle et qui passe, à en faire valser les murs, ivres de liberté. Et tes cheveux qui dansent, si tu savais, c’est la seule insulte à tous ces généraux de la mort, à ces faiseurs de miracles et aux guindés. La vie n’a pas de prix, c’est à toi, l’aristocrate, que le ciel appartiendra. À l'homme du vide.