Je t’appellerai Insolente. C’est beau comme nom, une vraie montée en puissance. Tout d’abord il y a le gémissement du « in ». Puis, ce « s » qui siffle dans les oreilles, te faisant pointer le bout de la langue, c’est le « s » d’une ensorceleuse de serpents. Le « l » claque contre le palet, c’est ta violence. Et puis l’ « en » qui dure, se traine, jusqu’à mourir entre tes lèvres, piétinant le temps qui passe. Oui, ce nom est parfait. Si seulement tu quittais mes rêves. J’ai oublié de t’abandonner.
Insolente, c’est mon amante d’une nuit. C’est une poussée sauvage, un hurlement, la délicatesse d’une épine. Je ne sais même plus si elle a existé, si un jour elle existera. Peut-être n’est-elle que cette inconnue que j’ai croisée en rêve et qui m’a laissée mourir au matin, dans mon sommeil humide de larmes.
Insolente, c’est mon imaginaire. C’est moi dans mes plus beaux jours, c’est le miroir du beau, du délicieusement détestable. Elle n’a pas d’avenir, elle n’en a pas besoin. Elle a du feu dans les yeux, dans les cheveux, c’est une putain au port de reine, une déesse incarnée. Elle ne vit de rien, ne boit que du champagne. Je lui ai pris son pouls une fois et je n’ai rien senti.
Insolente est une morte, une âme d’enfant devenue hirondelle. On a envie de la tuer, de la violer, de violer son souvenir. Mais elle ne s’efface pas. Son sourire ravageur nous nargue, toujours. Il se répète comme les mélopées tristes, c’est l’écho vague d’une impression familière qui vous brûle sans que l’on sache pourquoi. On l’embrasse en pleurant déjà. Ses lèvres sont douces, son baiser est celui de l’oubli, mais jamais, ô grand jamais, elle nous quitte. Et on souhaite désespérément qu’elle reste en nous, cette féminité débridée, et qu’un jour elle vive dans nos veines, qu’elle emprunte notre cœur pour qu’il batte plus fort, qu’elle voit par nos yeux le monde pour qu’elle le mette à ses pieds.
Insolente, c’est l’amour qui prend corps. C’est la femme que l’autre verra. Sa demeure est dans les regards amoureux, elle nait des coups de foudre et du désir. Elle est ce que vous ne serez jamais, mais vous êtes Insolente, l’illusion qui tourmente l’esprit des victimes esseulées, l’idéal dont vous n’avez même pas idée.
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